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La mort du journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint

Passionné, l’esprit critique toujours en éveil, il était une figure du journalisme économique. Ancien journaliste du Monde, proche collaborateur de Marianne, dirigé par son amie Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint est mort, vendredi 26 janvier, à l’âge de 79 ans. Jean-Pierre Chevènement, dont il a été un compagnon de route, a été un des premiers à lui rendre hommage sur X, vendredi : « C’était un homme d’une immense culture, un esprit puissant, original, inclassable, dont la capacité d’analyse fournissait une véritable grille. »
Jean-Michel Quatrepoint naît, le 23 juin 1944, à Paris. Il est élevé par le second mari de sa mère, André Barjonet, un dirigeant de la CGT qui rompit avec le syndicat en mai 1968. Diplômé du Centre de formation des journalistes en 1967, Jean-Michel Quatrepoint collabore à diverses publications, comme Les Echos et Le Journal des finances, avant d’entrer au service économique du Monde, en septembre 1973. Spécialiste de l’industrie, il imprime sa marque, avec une élégance qui n’était pas seulement vestimentaire, dès son premier article : « Le conglomérat international ITT fait l’objet d’attaques de plus en plus vives pour ses liens avec le pouvoir politique. » Il a l’air détaché, mais il maîtrise parfaitement ses sujets.
En septembre 1984, il quitte Le Monde pour devenir directeur général de L’Agefi-Nouveau Journal, qui deviendra La Tribune. Dans son dernier article, il se montre très circonspect sur la volonté du nouveau premier ministre, Laurent Fabius, d’incarner la « modernisation » du pays.
En 1976, Jean-Michel Quatrepoint publie, en collaboration avec Jacques Jublin et Danielle Arnaud, son épouse, un livre qui a un grand retentissement, French ordinateurs. De l’affaire Bull à l’assassinat du plan Calcul (Alain Moreau). Il sera suivi par huit autres ouvrages.
Il dénonce inlassablement la mondialisation présentée comme heureuse ou une Europe idéalisée dans une grande variété de publications, comme le trimestriel Haute finance, La Tribune de l’expansion, La Lettre A, Le Nouvel Economiste, dont il sera directeur de la rédaction de septembre 1997 à janvier 2000. En avril 2001, il est promu officier de la Légion d’honneur.
En 2015, il fonde, avec Natacha Polony, le Comité Orwell, un groupe de réflexion sur le journalisme qui fustige « une pensée unique faite d’atlantisme béat et d’adoration du libre-échange ». Dans le livre Alstom, scandale d’Etat (Fayard, 2015), il dénonce les conditions de la vente de l’entreprise au groupe General Electric, soulignant que, contrairement aux promesses d’Arnaud Montebourg et d’Emmanuel Macron, « nous avons délibérément confié à un groupe américain l’avenir de l’ensemble de notre filière nucléaire ». L’année suivante, dans un ouvrage collectif, Bienvenue dans le pire des mondes (Plon, 2016), il forge le concept de « soft totalitarism ». Le 24 mars 2017, en souverainiste assumé, il signe dans Le Figaro, avec M. Chevènement, un appel intitulé : « Europe : la supranationalité a échoué, faisons confiance aux nations ».
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